On nous demande souvent si les pilotes qui ont beaucoup d’expérience de vol mais n’ont jamais fait de SIV devraient envisager d’en faire un. Malin Lobb, notre instructeur en chef, nous fait part de ses réflexions sur le sujet.
Imaginez ce qui est possible si vous enlevez les obstacles, quand vous réussissez déjà malgré ceux-là !
L’Humain est une créature étonnante, capable d’accomplir de grandes choses dans des circonstances qui ne sont pas optimales. Qu’il s’agisse de courir un marathon avec des genoux en mauvais état ou de nageurs asthmatiques, tout ce que nous faisons avec un handicap signifie que nous aurions pu faire mieux dans la même situation si ce handicap avait été supprimé. La personne qui a un désavantage ne perdra pas forcément. Avec plus de courage et d’endurance, il est bien possible de gagner l’épreuve. Mais sans l’handicap et la même endurance, cette même personne aurait probablement pu, en plus, obetnir son meilleur record !
En termes de parapente, les vols de longue distance nécessitent beaucoup d’efficacité, et les connaissances que nous n’avons pas encore acquises constituent notre handicap, car elles conduisent à l’inefficacité. Si vous ne grimpez pas aussi bien que vous le pourriez en raison d’un mauvais contrôle du roulis ou si vous ne planez pas bien en raison d’un mauvais contrôle du tangage ou d’un mauvais pilotage aux arrières, cela signifie que même si ce vol a été un nouveau record, vous auriez pu aller plus loin ou plus vite si vous aviez eu les connaissances nécessaires et si vous aviez supprimé cet handicap. Ces petites lacunes dans les connaissances, ces handicaps, je les vois souvent lorsque des pilotes expérimentés viennent faire un SIV pour la première fois. Même quelque chose d’aussi simple que le contrôle du roulis, la façon de l’annuler ou de l’utiliser à votre avantage. Ce sont des choses auxquelles ils n’ont jamais vraiment pensé, sans savoir que cela a été leur handicap tout au long de leur carrière de pilote. Même s’ils sont capables de faire 100 km de cross avec cet handicap, imaginez ce qu’ils auraient pu faire sans !
Pas assez d’occasions d’analyser nos techniques de vol
La première est la façon dont nous apprenons à voler. Nous apprenons juste le minimum nécessaire pour décoller et atterrir en toute sécurité. Après quelques années de débrouillage, nous nous aventurons ensuite en air thermique et nous considérons comme des crosseurs. En fait, nous sommes essentiellement livrés à nous-mêmes là-haut dans le ciel et il y a beaucoup de choses qu’il nous faut découvrir tout seul… Tous ces nouveaux mouvements d’ailes se produisent en même temps que nous essayons de prendre des décisions pour pouvoir faire durer notre vol. Si quelque chose fonctionne, nous le répétons, mais ce n’est peut-être pas la chose la plus efficace à faire dans ce scénario. Avec le temps ces mauvaises habitudes s’accumulent… mais nous sommes en l’air et nous volons sur la distance, donc ça peut pas être si mal !
La plupart des pilotes ne sont pas assez analytiques pour chercher une autre option : si j’essayais ceci à la place, que se passerait-il si je faisais cela ? Avoir un expert et un espace où vous pouvez experimenter et vraiment analyser les mouvements de votre voile, de votre corps et de votre physiologie peut conduire à des révélations parfois petites mais aussi parfois énormes. Tout ce que vous apprendrez vous permettra d’éliminer un handicap et d’augmenter votre potentiel.
Une conception erronée de ce qu’est et n’est pas un SIV
La seconde est la perception du SIV. Les pilotes ne devraient pas manquer cette étape vitale, alors pourquoi est-ce t’il le cas si souvent ? L’ancienne méthode enseignée pendant des années consistait en un exercice de manœuvres à enchainer, allant jusqu’au décrochage complet, que l’on soit prêt ou non à réaliser cette manoeuvre radicale. Cette méthode faisait le bonheur ou le malheur des pilotes, et ceux qui avaient l’impression de « survivre » à l’épreuve retournaient dans leur club local pour raconter des histoires d’horreur autour d’une bière. La plupart des gens savent qu’il s’agit de « Simulation d’Incidents en Vol » et pensent qu’il n’y a rien d’autre à apprendre que la récupération d’une fermeture et la peur. Leur formation s’arrête donc juste après leur sortie de l’école et je ne les blâme pas.
Heureusement, beaucoup de choses ont changé et aujourd’hui, pour nous chez Flyeo, l’acronyme “SIV » englobe tout : du pilotage le plus doux aux décrochages dynamiques sur une voile de compétition ou d’accro. Sur le même SIV, pusique nous personnalisons l’enseignement pour chaque pilots, je peux avoir sur le même run un élève avec 2 heures de vol qui apprend le tangage et le roulis puis un autre avec 600 heures de vol qui pilote son EN-D.
Un SIV est un stage que l’on suit pour apprendre à voler, une formation qui aide à s’améliorer, c’est une extension de votre formation de base. Il peut contenir tout ce que vous n’avez pas appris à l’école. C’est l’endroit où vous allez pour combler vos lacunes en matière de connaissances et éliminer les handicaps qui vous ont freiné pendant des années. La plupart des articles sur le SIV que vous lirez portent sur l’acquisition de compétences qui vous sauveront la vie, et c’est bien sûr le cas. Ce à quoi nous n’avez peut-être pas pensé, c’est qu’il y a aussi beaucoup plus à apprendre en SIV que juste savoir quoi faire en cas de fermeture. Chaque grain de connaissance que vous gagnez lors d’un SIV est directement transférable dans votre vol de tous les jours. Un stage SIV fera de vous un meilleur pilote de cross, non pas parce que vous savez régir à une fermeture, mais parce que vous comprenez les mouvements de votre voile et comment les gérer efficacement.